Réfection des freins
Changement du système de freinage : du démontage, nettoyage et montage de nouvelles pièces (kit de freinage Alko) dont le changement des garnitures. Suite au déclenchement inopiné de la sécurité de freinage sur ma caravane sans que je m'en rende compte, j'ai détruit mes freins qui ont chauffé à l'extrême. J'ai expliqué la mésaventure sur le forum, l'objet du présent article est de décrire la réfection des freins, en sachant que la majeure partie des explications s'applique à un changement de garnitures.
C'est en soi une opération réalisable par toute personne ayant un minimum de compétences en mécanique et un outillage adapté. J'attire toutefois l'attention des lecteurs que l'on touche à un organe essentiel de sécurité et que si vous ne vous en sentez pas capable, ou ne possédez pas le matériel adéquat, n'entreprenez pas ce travail. De même, les résidus présents dans les freins nécessitent l'usage de masque à poussières et le port de gants est recommandé. Je dégage toute responsabilité en ce qui concerne les travaux que le lecteur entreprendrait suite à la lecture de ce sujet et je pense que les webmaster du site feront de même.
Ma caravane est une Burstner de 1993 équipée d'un châssis ALKO et des freins du type 2051. S,i dans le principe, les systèmes de freinage des caravanes et remorques se ressemblent, il est probable qu'il y ait des variantes quant aux pièces et montages mécaniques rencontrées sur une autre caravane.
Le démontage :
Se garer sur une surface plane, ne présentant pas de risques particuliers. Si on travaille par côté, prendre soin de caler la roue opposée. Dans le cas présent, je vais démonter simultanément les deux côtés.
Après avoir débloqué la roue, on lève la caravane avec un cric et on repose la caravane sur chandelles. Comme on doit travailler dessous, il est impératif de caler parfaitement l'ensemble et de ne pas travailler sous la caravane simplement portée par un cric, en cas de ripage ou s'il lâche, il y a un risque important d'être écrasé.
Un fois la caravane sur chandelles, on finit de déposer la roue et on la glisse sous le châssis. Elle fera butée si malgré tout la caravane vient à tomber.
On se trouve face au tambour qui se présente de la sorte. Si on est pas sur une surface dure et lisse, l'usage d'une bâche est recommandée pour éviter de salir les pièces (la mécanique a horreur des corps étrangers (sable, terre ...) ) et d'en perdre.
On retire le cache central du moyeu. Il est généralement simplement rentré en force, un tournevis passé à la base permet de l'extraire en faisant levier.
On arrive ainsi à l'écrou qui tient le moyeu. Il est ici simplement monté avec un produit appelé « frein filet », on trouve souvent un montage avec écrou crénelé et une goupille.
Généralement, cet écrou est de taille importante. Ici, il faut une douille de 36mm et son desserrage est facilité par l'utilisation d'une rallonge.
Une fois cet écrou retiré, il peut y avoir des rondelles ou des cales qu'il faut retirer et conserver précieusement s'il y en a, ces éléments servant au réglage du jeu des roulements.
Ici, il n'y en a pas, donc on peut tirer sur le tambour.
Si, lorsque l'on tire sur le tambour, celui-ci se déplace puis se bloque au bout de quelques millimètres (~ 5mm) il peut être nécessaire de desserrer le système de réglage des freins. Avec l'usure, les tambours se creusent légèrement et cela provoque un blocage avec les mâchoires.
Une fois le tambour retiré, voila ce que l'on a. On constate que les segments sont HS et que le ressort a sauté de sa place, il devrait relier les deux segments de frein en les plaquant sur le mécanisme. Ne pas hésiter à faire un schéma ou prendre des photos avant d'aller plus loin, certains mécanismes ayant la fâcheuse habitude de se mettre en pièce lors du démontage et de constituer un puzzle.
Les segments sont retenus au flasque par des petits ressorts, que l'on démonte facilement, on les comprime et on enlève la plaquette de retenue.
Le gros ressort n'étant pas en place, les segments viennent tout seuls. Il peut arriver qu'il faille "batailler" pour décrocher ces ressorts ; il existe d'ailleurs une pince spéciale à cet usage, mais il est possible de faire sans.
Le mécanisme de freinage : le câble agit sur l'un des leviers et du fait des axes excentrés, les deux pièces s'écartent provoquant le serrage des segments sur le tambour.
De l'autre côté, on trouve le dispositif de réglage qui est accessible avec un gros tournevis plat par un trou au travers du flaque. La roue cénelée est un écrou et la pièce qui prend appui sur le segment de frein est une vis.
Dans les cas extrêmes, on a ce genre de spectacle, l'intérieur du tambour étant maculé de poussière de matériau de friction carbonisé.
On procède au nettoyage à l'aide d'un pinceau et lorsque c'est fortement encrassé, à l'aide d'un grattoir. On évite d'user de l'air comprimé qui va disperser dans l'atmosphère des particules de garnitures de freins qu'il faut absolument éviter de respirer, même si depuis dix ans l'amiante est interdit dans les pièces de freins. De même, on évite les solvants gras.
Si on procède à un changement de garnitures ou pour un dépoussièrage des freins, on déglace l'interieur du tambour avec de la toile de verre fine et une inspection visuelle pour repérer les défauts, rayure fissures.
Bien entendu, ce genre de fissure signifie que le tambour est HS.
De même, si le tambour présente une usure importante (présence d'un bourrelet de quelques millimètres sur le pourtour) se renseigner de la côte d'usure maximale autorisée.
On vérifie aussi l'état de la portée des roulements, là c'est OK.
Pour commander les pièces prendre un maximum d'informations, elles sont sur l'essieu, à l'arrière du flasque et gravé sur le tambour.
Les pièces sont arrivées, la suite de l’opération peut avoir lieu
La bonne surprise est que toutes les pièces sont fournies dans le kit ALKO, y compris les leviers et le dispositif de réglage, jusqu’aux goupilles et aux bouchons. De même, les tambours sont fournis avec les boulons de roues.
On commence par faire l’inventaire et on s’assure que l’on a bien des pièces identiques à celles démontées. Il peut y avoir des évolutions de fabrication, c’est le cas ici, avec les écrous de moyeux qui se serrent désormais avec une clé de 32 au lieu de 36 mais c’est le bon filetage, ou les embouts de câbles de freins qui sont en tôle plié au lieu d’être une pièce de fonderie.
On en profite pour repérer les pièces qui correspondent à un côté précis. Ici, il n’y a que ces éléments du dispositif de réglage.
Les garnitures des segments de frein sont déjà détalonnées, une chose de moins à faire ! Le chanfrein doit être réalisé à la lime s’il n’est pas présent ; il permet d’éviter un blocage brutal d’une roue lorsque la garniture vient au contact du tambour.
Il est temps de se mettre au travail ! Les flasque ayant vu leur revêtement détérioré suite au coup de chaud, ils ont reçu une couche de galvanisation à froid afin de les protéger de la rouille.
La première opération consiste à remonter le système de réglage du tambour. Ce dispositif permet de régler le jeu entre les garnitures et le tambour et de rattraper l’usure au fil du temps. Si ce jeu augmente trop, cela accroit la course nécessaire pour que le tambour commence à freiner
Attention à certains pièges si l’axe ne sort pas… c’est que le trou n’est pas rond et l’axe a le même plat
Sur ce modèle, on assemble les garnitures, le mécanisme et ressort hors du tambour. Sur d’autres modèles ce montage s’effectue sur le flasque et parfois il n’est pas simple d’accrocher tous les ressorts… :lol : Enfin, ici, ça se passe bien
On présente l’ensemble pré-monté sur le flasque et on accroche le câble de frein. Pour ce faire, on entre le bout du câble dans l’embout jusqu'à ce que le sertissage vienne en butée puis, on fait rentrer ce dernier dans l’embout et on verrouille l’ensemble en le tirant. Au besoin, on s’aide d’une pince si cela force légèrement.
On positionne l’ensemble à sa place, en veillant à bien positionner les segments dans les rainures du dispositif de réglage.
Puis, on insère les ressorts de retenue qui fixent le tout au flasque et que l’on bloque avec les petites plaquettes ad hoc.
Voilà, c’est remonté !
Il est temps de reposer le tambour. C’est beau quand c’est neuf, non ?
On le présente et il coulisse juste sur la fusée. Au besoin, on l’aide en tapotant légèrement dessus pour qu’il rentre et on prend soin de ne pas laisser les doigts dedans, c’est parfois vorace !! :lol :
L’écrou de moyeu n’étant pas assuré par une goupille, il convient d’utiliser du frein filet, c’est un produit qui se met dans le filet de la vis et empêche le desserrage de l’écrou, ce qui aurait une conséquence grave, la perte de la roue…..
On en met une grosse goutte
sur la vis qu’on aura, au préalable, bien nettoyée et on serre immédiatement l’écrou.
L’usage d’une clé dynamométrique est conseillé, cela permet de contrôler le couple de serrage qui est de 300 N/m dans ce montage. D’autres montages, qui comportent un écrou à créneau et une goupille fendue, se règlent différemment et avec un couple de serrage généralement moindre. Il est conseillé de se renseigner sur la préconisation du fabricant pour ce serrage, soit sur une documentation technique, soit auprès d’un technicien ayant l’habitude de réparer des essieux de la marque.
Une fois ce serrage effectué, il ne reste plus qu’à remettre le capuchon de moyeu qui rentre légèrement en force ; un maillet est utilisé pour le rentrer ou bien, si on utilise un marteau, on prendra soin d’intercaler une cale en bois pour ne pas le marquer. Par contre, je n’ai pas pris de photos…
Arrivé à ce point, il ne reste plus qu’à régler le jeu entre garniture et tambour.
On commence par manœuvrer deux ou trois fois le levier de frein sur le timon pour que les pièces se mettent en place. Puis, frein desserré, on fait tourner le tambour à la main ; il doit tourner librement. Le réglage s’effectue avec la molette que l’on actionne avec un gros tournevis plat à travers un orifice, situé ici dans le flasque mais qui peut également se trouver sur le tambour sur d’autres modèles.
Le bon réglage : on serre jusqu'à sentir le début du frottement de la garniture sur le tambour, puis on redéserre de deux ou trois dents, pour que le tambour tourne librement.
Une fois le réglage terminé, on n’oublie pas de fermer les trous avec les bouchons fournis afin de limiter les entrées de boues et poussières extérieures. On voit sur cette photo, l’axe avec la goupille neuve, les plaquettes de blocage des ressorts de retenue des segments de freins et le capuchon neuf qui est venu remplacer celui qui avait fondu.
Voilà c’est terminé
NB : Où peut-on acheter les garnitures ? Et comment connaitre des références ?
Réponse pour les Suisses :
chez Derendinger, magasin à Genève ou à Crissier, pour les autres régions,
voir http://www.derendinger.ch
Pour l'approvisionnement, voir les marchands de caravane, et les gens qui vendent des remorques. Il y a aussi, les grossistes en pièces automobile, j'ai acheté cet ensemble chez un revendeur du réseau AD, mais il y a d'autres enseignes locales ou nationales.
Pour les références on m'a demandé le modèle, c'est inscrit (frappé à froid) sur le pourtour à l'arrière du flasque (Typ XXXX), la référence moulée sur le tambour et le diamètre de la portée du roulement. Il peut être intéressant de prendre la référence figurant sur la plaque d'essieu et bien entendu, l'année de construction de la caravane, ce sont des indications souvent demandées par les magasiniers pour identifier à coup sûr les bonnes pièces.